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Par Tsubasa Kayla le 1 Octobre 2021 à 09:03
GIRL. Le nouveau roman d'Edna O'Brien laisse pantois. S'inspirant de l'histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l'auteure irlandaise se glisse dans la peau d'une adolescente nigériane. Depuis l'irruption d'hommes en armes dans l'enceinte de l'école, on vit avec elle, comme en apnée, le rapt, la traversée de la jungle en camion, l'arrivée dans le camp, les mauvais traitements, et son mariage forcé à un djihadiste - avec pour corollaires le désarroi, la faim, la solitude et la terreur.
Le plus difficile commence pourtant quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s'évader, avec l'enfant qu'elle a eue en captivité. Celle qui, à sa toute petite fille, fera un soir dans la forêt un aveu déchirant : "Je ne suis pas assez grande pour être ta mère" - finira bien, après des jours de marche, par retrouver les siens. Et comprendre que rien ne sera jamais plus comme avant : dans leur regard, elle est devenue une "femme du bush", coupable d'avoir souillé le sang de la communauté.
Girl bouleverse par son rythme et sa fureur à dire, à son extrême, le destin des femmes bafouées. Dans son obstination à s'en sortir et son inaltérable foi en la vie face à l'horreur, l'héroïne de ce roman magistral s'inscrit dans la lignée des figures féminines nourries par l'expérience de la jeune Edna O'Brien, mise au ban de son pays pour délit de liberté alors qu'elle avait à peine trente ans.
Soixante ans plus tard, celle qui est devenue l'un des plus grands écrivains de ce siècle nous offre un livre d'un sombre splendeur avec, malgré tout, au bout du tunnel, la tendresse et la beauté pour viatiques.Mon avis :
Poignant, dur, fort, intense, difficile et tellement vrai et actuel
Sacré "témoignage" : le pire je pense c'est quand elle revient chez elle, et qu'elle est traité pire qu'une paria,
une traitresse, une ennemie alors qu'elle n'a pas choisie d'être enlevée, d'avoir un enfant...
Maryam subit non seulement le traumatisme de l'enlèvement et les sévices
mais également le choc brutal du retour à la réalité et la confrontation au regard des autres, de la haine, de la suspicion.
Elle est coupable pour son village, sa famille, alors qu'elle n'est qu'une victime qui a survécu.
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